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La légende d'Alyha-Jade prologue

 

PROLOGUE
 
 
Jamais le monde de l’Aanor n’avait paru aussi dévasté qu’en ces temps-là. Il ne faisait pas encore nuit que déjà d’épais nuages noirs obscurcissaient le ciel où le vent criait pourtant vengeance, tentant en vain de les vaincre, mais sans succès. Les ténèbres avaient enseveli une bonne partie du royaume de son linceul d’ombre, emprisonnant chaque parcelle de paysage en une prison invisible où l’on avait réussit à oublier à quoi pouvait bien ressembler l’Aanor illuminé par les doux rayons du soleil. 
 
Seul un homme sur sa balustrade en pierre ne semblait pas fléchir devant cet étrange spectacle. Il semblait au dessus de tout, fier même, et ses lèvres ne pouvaient s’empêcher de dévoiler un léger sourire en coin. C’était son royaume à présent, et plus personne ne pouvait l’arrêter d’accomplir son sombre dessein, pas même cette fille qui s’obstinait à lui tenir tête et qu’il attendait en silence, savourant à l’avance une victoire qu’il savait évidente. 
 
«Elle va céder» se dit-il. «Il le faut». 
 
Puis soudain, un être totalement difforme entra dans la pièce, accompagné de deux gardes qui tenaient fermement les poignets d’une jeune fille qui se débattait afin d’échapper à leur emprise. 
 
-Elle est là, messire, fit le valet défiguré en s’inclinant devant son maître, l’homme à la balustrade. 
 
-Très bien, Finrod, laissez-nous seuls, je vous pris. J’ai à lui parler. 
 
Sur un geste de la main de l’homme, les gardes libérèrent les poignets de l’adolescente que leur seigneur avait demandé à voir, la laissant tomber lourdement sur le plancher. Elle se releva avec peine, à bout de force, et massa ses poignets endoloris. Au même moment, l’homme se retourna vers sa victime, laissant derrière lui la contemplation de son œuvre maléfique, puis s’avança vers elle tout en ne la quittant pas des yeux. Ses vêtement, jadis somptueux, étaient maintenant en lambeaux; ses cheveux semblaient se révolter en tout sens, et sur sa peau dansait la réflexion des flammes de la salle du trône, laissant découvrir de vilaines égratignures en certains endroits. Lorsque la jeune fille daigna enfin le regarder, l’homme afficha un sourire machiavélique. Elle était toujours belle de toute la fureur qui émanait d’elle.  
 
-Tu sais que tu es belle lorsque tu es en colère? lui dit-il, tout en s’approchant d’avantage en décrivant des cercles autour de sa prisonnière. 
 
Aucun mot n’osa franchir les lèvres de l’adolescente aux longs cheveux mielleux. Elle se contenta de le foudroyer du regard, et ses yeux, sous la seule lumière des torches, parurent enflammés à l’homme qui s’amusait à la torturer depuis près de deux ans. 
 
-Je te déteste Shark, et tu le sais très bien. 
 
Furieux mais non pas surpris d’une telle réaction de la part de la jeune fille, l’homme la gifla sauvagement au visage, ce qui la fit tomber à la renverse, sur le côté, dans un éclat de douleur. Cependant, elle ne se releva pas. Elle était lasse de toute cette histoire. 
 
-Ne fais pas la sotte! lui ordonna l’homme. Allez, relève-toi! 
 
L’adolescente ne bougea pas. Elle n’avait plus de force. Cela ne fit qu’aggraver la colère de l’homme qui lui saisit le menton pour l’obliger à la regarder. 
 
-Je sais que tu as les émeraudes, ma belle…Ne m’oblige pas à te torturer pour que tu me les donnes… 
 
La jeune fille le regarda, impassible. Les yeux de l’homme étaient rouge sang. «Des yeux de tueur», pensa-t-elle. Il avait le crâne rasé, et partout sur son visage, des formes et des lignes y étaient dessinées, lui donnant l’aspect d’un terrifiant guerrier, le pire de tous; celui des ombres. 
 
-Pourquoi ne me tuez-vous pas? lui lança-t-elle en plein visage. Ça serait plus simple, non? 
 
Sur ce, l’homme libéra un rire rauque qui résonna dans toute la pièce. N’avait-elle donc pas compris? Depuis deux ans qu’il la tenait prisonnière, qu’il lui murmurait les mêmes mots à l’oreille, jour après jour...Si, elle le savait, c’était évident. 
 
-Tu sais pourquoi je ne le fais pas. Ce n’est pas dans mes intérêts de donner aux autres ce qu’ils désirent, et de plus, j’ai besoin de toi. 
 
Il lui lâcha ensuite le visage avec regret. La peau de la jeune fille était la plus douce que ses doigts se rappelaient d’avoir frôlée, et l’homme était déterminer à ne pas s’en défaire de sitôt. 
 
-Régner ne se fait jamais seul, ma belle, reprit-il tendant une main vers les cheveux de l’adolescente. Il prenait un malin plaisir à y faire glisser ses doigts. 
 
Puis soudain, l’homme se pencha à l’oreille de la jeune fille. 
 
-Donne-moi les joyaux restants, ma belle …Donne-moi les émeraudes…  
 
-Jamais tu ne les aura, Shark, souffla l’adolescente. Ni moi, ni les émeraudes. 
 
La main de l’homme quitta alors les cheveux de sa prisonnière, offusqué, mais tâcha tout de même de rester optimiste et convainquant. 
 
-On verra, fit-il simplement.  
 
Il appela ensuite ses gardes, et leur fit signe de s’emparer de la jeune fille pour la reconduire à «ses appartements».  
 
-Tâche de faire de beaux rêves, princesse, car tu risques de ne plus en faire avant un bon bout de temps… 
 
Se furent les dernières paroles que l’homme adressa à l’adolescente ce soir-là, paroles qui agirent sur elle comme un fantôme : Ils la hantaient, la traquaient. Mais il y avait aussi ce rire, immonde, glacial, propre qu’à la race des Elfes noirs dont Shark faisait partie. Ces êtres étaient les meilleurs guerriers de tout l’Aanor, tout en étant de grands adeptes de magie noire, connaissant ainsi chaque plante empoisonnée et confectionnant nombres d’armes destructives dans leurs cachettes des profondeurs de l’empire. Ils détestaient la nature, mais détestaient encore d’avantage la vie qu’elle abritait. Cette vie qui voulait les tuer, les anéantir, se débarrasser d’eux à tout jamais…  
 
Ce fut de cette machination de leur esprit que naquit leur folie; celle d’aimer faire souffrir et voir souffrir «les peuples du soleil», ceux qui voulaient les empêcher d’atteindre leur seul et unique but : le pouvoir. Et pour les Elfes noirs, le pouvoir ne pouvait se manifester que dans la souffrance infligée aux autres peuples. 
 
Mais il n’y avait pas que ça. 
 
Shark, ne se sentant toujours pas rassasié après avoir assassiné les elfes Noldors qui régnaient sur l’Aanor, poussa ensuite la folie jusqu’à retrouver les septs joyaux légendaires constituant le trésor royal: 
 
Le premier est d’un cœur fort et courageux; 
Le second repose au fond des eaux invisibles des yeux; 
Le troisième est bénit du soleil et des esprits du ciel; 
Le quatrième est des entrailles du monde le plus sombre; 
Le cinquième repose au monde endormit des ombres; 
Et les deux dernières sont les trésors de la plus belle… 
 
Et pour Shark, «la plus belle», c’était celle qu’il regardait en ce moment même. L’adolescente en avait horriblement conscience. 
 
«Non» pensa la jeune fille. «Il ne faut pas que cela se produise, il ne faut pas qu’il réussisse à regrouper les sept joyaux… je ne dois pas céder… pas maintenant…. » 
 
-Eh, ma jolie, comme ça on va faire de jolis petits rêves? fit l’un des deux gardes qui l’entraînait vers sa chambre, comme ordonné par son seigneur. Si tu veux, j’connais une recette infaillible pour dormir comme un loir… 
 
Sur ce, l’adolescente sentie une main voyageuse parcourir sa peau, lui chatouillant le cou, descendant sur ses épaules, puis plus bas, puis trop loin… 
 
-Sveitha! hurla-t-elle, hors d’elle-même. Un collier se matérialisa dans son cou. 
 
Les gardes se mirent à rire. 
 
-Si tu crois me faire peur avec des tours pour débutants, tu perds drôlement ton temps… 
 
-C’est plutôt toi qui perds ton temps, pauvre idiot! 
 
Cette voix, rauque, caverneuse…Les deux gardes se retournèrent, effrayés. Shark se trouvait derrière eux. Au cri de la jeune fille, celui-ci avait tout de suite compris que quelque chose d’anormal se produisait. 
 
-Maître, ce n’est pas ce que vous croyez…. s’enquit de dire le garde fautif. Elle s’est simplement fâchée et a voulu nous faire peur en faisant apparaître un collier autour de son cou… 
 
Sauf que, lorsque le militaire se retourna vers la jeune fille pour montrer la preuve de ce qu’il avançait, celui-ci constata avec étonnement que le collier avait disparu.  
 
-Mais je vous jure, maître! Elle avait un collier à son cou avant que vous n’arriviez! 
 
Mais l’homme fit comme s’il n’avait rien entendu, et tout en prononçant une formule incompréhensible, tourna sa paume vers le soldat qui avait osé le trahir. 
 
-Non! Je vous en pris…Croyez-moi! 
 
Mais il était maintenant trop tard. L’instant d’un éclair, une boule d’énergie noire l’atteignit en plein ventre, le faisant s’écrouler sur le plancher, sans vie. Apeuré, l’autre garde lâcha instinctivement le poignet de l’adolescente qui en profita pour s’enfuir. 
 
Fou furieux, l’homme poussa un hurlement de rage. 
 
-Mais ne reste pas là! cria-t-il au compagnon du militaire qu’il venait de tuer. Allez! Rattrape-la! 
 
Le soldat se mit donc à courir derrière la jeune fille en fuite qui empruntait déjà corridor sur corridor afin de le semer. Contrairement à elle, le garde était en pleine forme; il était donc évident que l’adolescente n’avait aucune chance de lui échapper. Bien qu’encore loin d’elle, les pas de son poursuiveur semblaient même de plus en plus près, et même si ce château avait toujours été sa demeure, la fugueuse se sentait prise comme une souris qui court dans sa roue qui tourne, tourne, et tourne sans arrêt en ne laissant aucune porte de sortie. La jeune fille avait beau regarder de tout bord tout côté, aucune issue ne s’ouvrait à elle. Il n’y avait que des murs. 
 
«Ça ne ce peut pas», pensa-t-elle. «Pas maintenant que je suis si proche du but…». 
 
Puis soudain, l’adolescente retrouva une lueur d’espoir. C’était très risqué, mais elle n’avait plus le choix : Soit elle sautait par la fenêtre, soit elle restait prisonnière de Shark. 
 
Ayant finalement réussi à la rejoindre, le militaire ne pu qu’assister, impuissant, à la chute de la jeune fille qui, par miracle, s’engouffra dans l’ombre protectrice de la forêt, saine et sauve. Cette adolescente s’appelait Alyha-Jade, et bien qu’elle était déjà à l’abri de tout danger, celle-ci courait encore dans l’épaisseur sombre et inquiétante de la nuit, fuyant un passé qui n’était pas près de la laisser filer entre ses doigts.  
 
 
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Modifié en dernier lieu le 23.12.2007